tunisie_ Dora Milad, présidente de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie à La Presse : “L’accumulation des crises a fragilisé de nombreuses entreprises dans le secteur de l’hôtellerie”
- 14 septembre 2023 / Actualité / 342 / Hejer
- La reprise de l’activité touristique n’a pas été équitable pour toutes les unités hôtelières. Tournant à plein régime, beaucoup d’entre eux étaient au rendez-vous et ont su, grâce à des investissements conséquents dans les installations et la formation des personnels, maintenir un niveau de qualité des services satisfaisant. D’autres, claudiquant et manquant de moyens financiers, ont pu à peine remonter la pente. C’est que le secteur de l’hôtellerie porte toujours les des crises qui se sont succédé depuis des décennies. Dora Milad, présidente de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, nous donne de plus amples informations sur les défis auxquels est confronté le secteur de l’hôtellerie. Entretien.
- Le secteules séquellesr hôtelier s’est-il rétabli des crises successives, en l’occurrence la crise Covid et la guerre en Ukraine, qui avaient eu un impact direct sur l’activité touristique?
- Depuis les années 90, le secteur du tourisme en Tunisie a été impacté par la conjoncture internationale, et tous les événements qui ont eu lieu, notamment les guerres du Golfe et les événements du 11 septembre. Il a également fait les frais d’autres événements qui ont eu lieu au niveau national, à savoir l’attentat de Djerba et les événements de 2011 ou encore ceux de 2015 et ensuite la crise Covid qui a eu un impact catastrophique sur beaucoup de secteurs l'économie tunisienne. Donc, l’accumulation de crises avec des intervalles de temps courts les séparant (il faut trois ou quatre ans pour que les destinations sinistrées puissent retrouver le niveau d’avant crise) a beaucoup fragilisé de nombreuses entreprises dans le secteur du tourisme et en particulier dans l’hôtellerie qui est une industrie fortement capitalistique où il faut non seulement avoir les moyens pour assurer le retour sur investissement des dettes contractées mais aussi pour faire les travaux de rénovation. Car, selon les normes internationales, les unités hôtelières procèdent, tous les sept ans, à une rénovation des chambres, de l’équipement, des matériels et installations afin de rester conformes aux normes internationales, sinon elles perdent en compétitivité. Donc, je ne peux pas dire que le secteur de l’hôtellerie a retrouvé la santé qu’il avait il y a 20 ans. C’est un secteur en difficulté qui se bat et qui essaie malgré la conjoncture défavorable à l’échelle internationale et nationale de survivre et de se maintenir. Cet été, nous avons pu revenir sur des marchés qu’on avait perdus. C’est positif. Mais il y a encore beaucoup de défis à relever.
- Justement, tous les chiffres indiquent une reprise vigoureuse de l’activité touristique durant la saison écoulée. Est-ce que les hôteliers étaient bien préparés pour tourner à plein régime ?
- On ne peut pas généraliser. Aujourd’hui, on peut noter que l’industrie hôtelière devient de plus en plus une industrie à deux vitesses. Il y a des entreprises qui sont arrivées à maintenir leurs installations en conformité avec les normes et à assurer la qualité des services qu’elles fournissent grâce aux opérations de labellisation mais aussi grâce à une politique de ressources humaines consistant à retenir un certain nombre de collaborateurs permanents et à former le personnel. Tous ces efforts ont permis à ces unités d’être, aujourd’hui, aux normes et donc de marketer leurs produits auprès des grandes agences et des grands tour opérateurs européens. Ces entreprises étaient prêtes à accueillir la saison touristique en investissant, notamment, dans la formation du personnel surtout avant le démarrage de la saison afin de répondre aux attentes des clients aussi bien les tour opérateurs que les clients individuels. Les autres hôtels, qui n’ont pas cette marge de manœuvre et cette capacité de lever des financements pour pouvoir faire face aux investissements nécessaires, ont trouvé beaucoup de difficultés. Certains ont été même totalement déclassés, d’autres sont restés fermés. Cela avait un impact sur la qualité des services fournis mais la fédération a toujours recommandé aux clients, qui envisagent de faire un séjour dans un hôtel tunisien, de consulter toutes les plateformes de réservation et de classement (il y a des plateformes qui regroupent les classements en fonction des recommandations et des commentaires des clients), pour avoir toutes les informations nécessaires. Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’on est surpris si les services d’un hôtel étoilé ne correspondent pas à la catégorie d’étoiles à laquelle il appartient. Il y a des hôtels trois ou quatre étoiles qui ont pu maintenir un certain niveau de services alors que d’autres sont en très grandes difficultés. Cette disparité on la voit, généralement, au niveau des prix. Car c’est la loi de l’offre et la demande qui l’impose. Ces hôtels on peut les reconnaître à travers les moult promotions et remises qu’ils font car ils savent qu’ils ne sont pas tout à fait en conformité avec les normes. Donc, le client peut être averti. Il peut aussi, en cas de difficultés, consulter les plateformes et faire appel à une agence de voyages. Le rôle de l’agence de voyages est de conseiller et d’orienter les clients en fonction de leurs budgets et de leurs attentes.
source: https://lapresse.tn