algerie_Rapport de la Banque d’Algérie sur l’évolution économique et monétaire du pays : «Une partie de l’inflation est d’origine structurelle»
- 23 novembre 2023 / Actualité / 320 / Hejer
La Banque d’Algérie a publié, lundi sur son site internet, son rapport annuel 2022 sur l’évolution économique et monétaire du pays.
Soulignant d’emblée que l’année a été marquée par une succession de chocs exogènes et par une persistance de la forte contribution des produits agricoles frais à l’inflation globale, le document indique que la politique monétaire mise en œuvre par la Banque d’Algérie durant l’année 2022 s’est traduite par des actions de normalisation graduelle, notamment via la levée des mesures exceptionnelles d’allégement prudentielles adoptées en mars 2020. Il rappelle également la poursuite de l’action de soutien au financement de l’économie en maintenant le taux de réserves obligatoires à 2%, et le taux d’intérêt directeur applicable aux opérations principales de refinancement à 3% en 2022, et ce, dans un contexte d’augmentation de la liquidité bancaire suite au Programme spécial de refinancement (PSR) d’un montant de 2100 milliards de dinars initié en juillet 2021 et clôturé en juin 2022. La normalisation de la politique monétaire s’est également traduite en octobre 2022 par la mise en place d’une opération de reprise de liquidité bilatérale ciblée de 300 milliards de dinars, afin d’absorber la source d’excès de liquidité potentiellement inflationniste, selon la même source.
Une mesure prise, pour rappel, en complément de l’ajustement du taux de change du dinar algérien, entre fin juillet et fin septembre 2022, qui s’est apprécié de 4,1% contre le dollar américain et de 7% contre l’euro.
«Ceci a permis de réduire, sur le court terme, une partie de l’inflation importée, dont la contribution à l’inflation globale a été de plus de 70% en 2021 et de 61,7% en 2022», rappelle le document de la BA. L’estimation de la Banque d’Algérie fait donc ressortir que la hausse de l’inflation en 2022 est causée principalement et à hauteur de 61,7% par l’inflation importée. «Ceci s’explique par la grande exposition des prix intérieurs à l’évolution des prix mondiaux, qui ont connu de fortes augmentations, notamment ceux des produits alimentaires», précisent les rédacteurs du rapport.
Le deuxième facteur est la masse monétaire M2 (hors dépôts de l’entreprise nationale des hydrocarbures et hors dépôts en devises) avec une contribution de l’ordre de 40,03%. «Ce qui indique qu’une partie de l’inflation est d’origine structurelle», explique-t-on encore à ce sujet, relevant dans le même sillage que la persistance des tensions inflationnistes reste un défi majeur à court et moyen termes.
En l’espace d’une année, rappelons-le, l’inflation en moyenne annuelle de l’indice global des prix à la consommation est passée de 7,23% en 2021 à 9,27% 2022. «Ce niveau d’inflation est le plus élevé sur les cinq dernières années», fait remarquer le rapport avant d’indiquer que l’inflation sous-jacente mesurée par l’indice hors produits agricoles frais et produits à prix réglementés (donc moins perturbée par les facteurs exogènes), s’est établie, quant à elle, à 8,93% en 2022 contre 6,07% l’année précédente.
En chiffres, après une très forte hausse de 110,64% en 2021, le niveau de la liquidité bancaire a augmenté en 2022 de manière moins importante. Il a atteint 1966,41 milliards de dinars contre 1331,95 milliards en 2021, soit une hausse de 47,63%. La masse monétaire au sens M2 a enregistré une croissance de 14,34% en 2022, tirée principalement par la hausse de l’agrégat M1 qui a augmenté de 12,91% en 2022 contre un taux de croissance de 14,19% en 2021.
La circulation fiduciaire hors banque a connu, de son côté, une hausse légèrement plus importante que celle de 2021, avec un taux de croissance de 10,14% en 2022 contre un taux de 9,35% en 2021. Elle est ainsi passée de 6712,15 milliards de dinars en 2021 à 7392,80 milliards en 2022. Sa part dans la masse monétaire M2 est restée très importante en 2022, avec un taux de 32% contre un taux de 33% en 2021.
Un taux qui constitue, selon la Banque d’Algérie, un défi pour la mise en œuvre de l’inclusion financière. Aussi, le total des dépôts à vue et à terme collectés par les banques a connu une progression de 18,2% en 2022 contre 17,8% en 2021. Le total des crédits à l’économie a augmenté de 3,3% en 2022 contre une baisse de 12,4% en 2021.
En matière de solidité financière, la Banque d’Algérie estime que les politiques adoptées ont permis aux banques «de faire preuve d’une grande résilience et d’une solvabilité significativement renforcée».
«Néanmoins, la problématique des créances non performantes issues des anciens dispositifs d’aide à l’emploi (Ansej, Angem et CNAC) et des crédits d’investissement privés qui ont émergé après 2019 reste posée.» Et ce, tout comme la question du financement de l’économie nationale.
Laquelle demeure, selon la même source, «une préoccupation majeure, en contexte d’une faible croissance du crédit à l’investissement et d’un environnement international, caractérisé par de fortes incertitudes…»
source: https://elwatan-dz.com