Nigeria, un investissement public annuel de 4,9 milliards $ par an d’ici 2030 pourrait transformer le secteur agricole



Nigeria, un investissement public annuel de 4,9 milliards $ par an d’ici 2030 pourrait transformer le secteur agricole

En Afrique, l’insuffisance du financement agricole est l’une des principales barrières à l’augmentation de la production alimentaire. De nombreux pays de la région ont le potentiel pour accroître durablement leur approvisionnement agricole et réduire leurs importations.

Au Nigeria, des dépenses publiques de 4,9 milliards $ par an entre 2023 et 2030 pourraient permettre de parvenir à un système alimentaire durable. C’est ce qu’indique un rapport publié en septembre dernier par l’Institut international pour le développement durable (IISD).

Intitulé « Achieving Sustainable Food Systems in a Global Crisis : Nigeria », le rapport constate que la première puissance économique du continent doit gérer plusieurs défis concernant sa sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Du côté de l’approvisionnement, le Nigeria reste un importateur net avec chaque année des achats de l’ordre de 10 milliards $ par an pour nourrir une population dépassant les 200 millions de personnes.

Dans le pays où 80 % des producteurs sont de petits exploitants, la faible productivité agricole, le soutien public encore insuffisant, l’insécurité liée aux attaques des groupes terroristes ainsi que les conséquences du changement climatique contribuent en outre à la réduction des disponibilités alimentaires sur les marchés locaux.  

Sur un autre plan, le Nigeria doit faire face à un contexte nutritionnel marqué par une hausse de la population en proie à la faim du fait de la fragilité économique, à une carence en micronutriments se manifestant par les retards de croissance ou encore au développement de l’obésité du fait de la surconsommation calorique.

Des efforts publics sur différents fronts  

Au regard d’un tel tableau qui a été assombri depuis quelques années par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine qui a entraîné une hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie, les auteurs du rapport estiment que les autorités devraient massivement soutenir le secteur.  

D’après l’IISD, le montant de 4,9 milliards $ proposé en faveur des systèmes alimentaires pourrait ainsi provenir à hauteur de 2,9 milliards $ des caisses publiques et le reste des partenaires au développement.

S’agissant de la structuration des interventions, le centre de recherche estime qu’un investissement de 2 milliards $ devrait être destiné chaque année à l’amélioration de la productivité agricole et des revenus des exploitants. Ceci à travers des projets visant à accroître l’accès aux intrants (semences et engrais) à des coûts abordables, le développement des systèmes d’irrigation, les services d’accompagnement ainsi que la transformation et la gestion post-récolte.

En outre, selon l’IISD, des programmes de protection sociale à travers la mise en place de filets de sécurité, les initiatives pour l’éducation ainsi que des programmes de cantine scolaire pourraient bénéficier d’une enveloppe de 1,6 milliard $ afin d’améliorer la qualité des régimes alimentaires.

Enfin, les auteurs du rapport estiment que les autorités devront aussi accorder de l’importance au segment de la commercialisation des produits alimentaires en y injectant 1,3 milliard $ à travers l’amélioration des infrastructures de dessertes rurales, l’accès des producteurs aux marchés et un soutien global à l’ensemble des intermédiaires qui assurent l’évacuation des aliments depuis les champs les plus reculés jusqu’aux marchés urbains et périurbains.

Au-delà de l’importance du montant à investir, le rapport appelle à des actions coordonnées et à une approche plus holistique de la question alimentaire pour répondre non seulement aux défis actuels, mais aussi à ceux du futur dans un contexte où la population devrait grimper à 263 millions de personnes d’ici 2030 (contre 206 millions en 2020) et exercer une pression supplémentaire sur les ressources agricoles et le climat.


source: agenceecofin

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