TUNISIE-Reportage | Des histoires de Dr Liu Wanrong, ophtalmologue de la mission médicale chinoise en Tunisie : Une envoyée de lumière, entre sacrifices et passion

  • 13 décembre 2022 / Actualité / 325 / Zakaria Asri


TUNISIE-Reportage | Des histoires de Dr Liu Wanrong, ophtalmologue de la mission médicale chinoise en Tunisie : Une envoyée de lumière, entre sacrifices et passion

Un jour de mai 2022, il était 13 heures locales, à l’hôpital régional de Jendouba, une femme médecin chinoise s’est précipitée vers la sortie de la salle de consultations externes. Elle compose un numéro. Au bout de quelques secondes, une voix entrecoupée de frustration est entendue du portable : «Maman, pourquoi m’avez-vous appelée si tard ? J’ai encore mal aux yeux! » En entendant les paroles de reproches de sa fille, la femme a fondu en larmes, et lui a répondu : «Ma chérie, demande à papa de t’emmener à l’hôpital pour revoir le médecin, il y a beaucoup de patients qui m’attendent, désolée. Mais quand je rentrerai chez nous, je vais certainement t’embrasser tous les jours pour rattraper le temps perdu, d’accord ?!». Puis elle raccroche et retourne au service pour poursuivre son travail; «101, 102, 103…», sous l’étonnement et l’admiration de Lihao, l’une des infirmières du service. Finalement, quelque temps après, toutes ses consultations sont terminées pour la journée… Afin d’apporter plus de lumière aux patients tunisiens, la femme médecin chinoise se lance dans une course contre la montre, battant en silence le record de la consultation d’ophtalmologie de l’hôpital.

Liu Wanrong, chef de la 26e équipe médicale chinoise à Jendouba, qui vient du premier hôpital affilié au collège médical de Gannan de la province du Jiangxi, est une excellente femme médecin comme le confirment ses collègues tunisiens et chinois, ainsi que ses patients. En décembre 2021, elle s’est lancée dans la mission de soigner et de guérir les patients tunisiens. Dans l’esprit de la Mission médicale chinoise, Liu Wanrong polit le panneau doré de l’équipe avec cœur, amour et affection, et œuvre pour illuminer le quotidien des patients. En cinq mois seulement, elle est devenue une ophtalmologue réputée dans tout l’hôpital.

En Tunisie, les forts rayons ultraviolets provoquent des problèmes oculaires, notamment chez des personnes âgées. Safi, 68 ans, survit grâce à l’usinage de matériaux bruts dans une zone rurale. Un jour, il est arrivé, tout essoufflé, à l’hôpital avec les yeux couverts…

Malheureusement, il avait manqué plusieurs rendez-vous de consultation en raison du long trajet vers l’hôpital. Dr Liu était en train de débarrasser son bureau en fin de travail quand elle a aperçu le vieil homme anxieux et vulnérable. Le visage de sa mère âgée lui est venu à l’esprit, elle n’a donc pas hésité à recevoir ce patient supplémentaire. Safi était un patient avec un corps étranger dans la cornée. Au lieu de lui donner la prescription habituelle de médicaments, Dr Liu a sorti une pommade ophtalmique anti-bactérienne  et une autre de réparation de la cornée qu’elle avait dans son sac à dos pour les patients «spéciaux». Malgré la transipiration et l’estomac vide, son cœur était chaud alors qu’elle regardait l’homme partir à l’aise.

Mission remplie!

Taher, étudiant en première année d’études, s’est présenté au service d’ophtalmologie de l’hôpital régional de Jendouba, situé à proximité de l’université de la même ville, avec un œil gauche ensanglanté après avoir été blessé lors d’une bagarre avec un camarade. Après avoir compris la cause de la maladie, Dr Liu lui a fait subir en urgence une intervention chirurgicale. Enfin, l’opération s’est terminée avec succès en dépit d’un cri de douleur lancé par le jeune homme.

Face au doute de ses assistants et de cet étudiant quant à l’opération sans anesthésie, Dr Liu a déclaré d’une manière significative : «La douleur d’aujourd’hui est impressionnante, j’espère que tu vas bien t’en rappeler pour le reste de ta vie et tirer les leçons de cette expérience». Le jeune était tellement ravi qu’il n’arrêtait pas de la remercier. Par la suite, il est devenu un «interprète surnuméraire» aidant souvent des médecins chinois dans leurs services pendant les heures de consultations.

Le premier jour des vacances de printemps à l’école locale, un petit garçon aux urgences souffrait, une gaze recouvrant le coin de son œil qui saignait. Dr Liu a couru dans la chambre à la hâte et a été bouleversée de voir le petit garçon, qui avait à peu près l’âge de sa fille, la tête inclinée et le regard anxieux. Lors de l’examen, son corps ne cessait de frissonner et son expression était un mélange de volonté de se débarrasser de la douleur, et de peur, ainsi que de résistance. Dr Liu a sorti une «arme secrète» de son sac à dos; une sucette spécialement préparée pour les enfants. «Voici un bonbon pour toi, j’espère que tu l’aimeras». Le masque couvrait le sourire plein d’encouragement, mais l’amour et la chaleur maternel de Dr Liu ont dissipé les craintes du petit garçon. Elle a su gagner sa confiance. L’opération s’est très bien déroulée et, outre les éloges de l’équipe de soins ophtalmologiques du service, la chose la plus douce a été le baiser de remerciements que le garçon a donné au Dr Liu.

Pendant la canicule, les sourires satisfaits des patients tunisiens apportent une touche de fraîcheur allégeant le chaud.

L’équipe médicale chinoise, dont Dr Liu Wanrong fait partie, a bien su gagner le respect et la sympathie des habitants de la région. Une mission qui arrive à terme prochainement, mais une autre équipe chinoise prendra la relève. Dr Liu a écrit dans son journal : «Participer à la Mission médicale chinoise est un saut dans mes 20 ans de carrière en ophtalmologie. C’est la première fois que je dis adieu à ma famille et travaille à l’étranger, je ne peux pas m’empêcher de penser à ma mère âgée, à ma fille mignonne, mais chaque fois que je vois la dévotion et le respect des patients locaux, chaque fois que je pense à mon devoir et à ma mission, et chaque fois que je vois des yeux brillants après l’intervention, je suis soulagée, et je trouve que tout en vaut la peine».



source: lapresse.tn

A voir aussi