La position extérieure de la Tunisie affiche des fragilités



La position extérieure de la Tunisie affiche des fragilités

La Tunisie fait face depuis quelques années à des difficultés au niveau de sa balance des paiements et la dépréciation continue du dinar n’est pas évitable dans la mesure où les sorties de devises dépassent les entrées. En soi, la dépréciation n’est pas une mauvaise chose car elle permet théoriquement d’encourager les exportations et de limiter les importations. Mais cela n’est possible que lorsque la production locale augmente sinon, la dépréciation ne produirait que de l’inflation.
Cependant, le plus inquiétant est la hausse exponentielle des engagements de court terme qui rend la gestion des réserves très complexe. En effet, les engagements commerciaux dépassent nos réserves actuelles, ce qui exige mécaniquement de la BCT de prendre des mesures de restriction et de limitation des importations.
Pour des raisons de déséquilibres économiques – non-correspondance structurelle entre les revenus extérieurs et la consommation de produits importés – mais aussi parce que les agents économiques ne voient pas du tout comment cette situation pourrait s'arranger avec les politiques menées actuellement, le dinar perd quotidiennement de la valeur face aux autres devises et la Banque centrale serait incapable de défendre la parité actuelle sans puiser dans le peu de réserves dont elle dispose. Ainsi, si la tendance se poursuit, le gouvernement va se retrouver dans l’obligation de dévaluer le dinar d’une manière très importante. La dévaluation du dinar devient donc une simple question de temps.
La stabilisation du dinar durant l’année 2022 et le début de 2021 ne témoigne pas d’une bonne santé économique mais est due à une baisse des importations et/ou au retard des paiements de certains fournisseurs et des entrées des devises des TRE.

A l’origine du mal est le déficit courant et plus précisément, le déficit commercial. Au début de 2023, le déficit commercial s’est légèrement réduit. Nous continuons à importer beaucoup plus que nous exportons et les autres sources d’entrées de devises ont fortement chuté. Pire encore, le climat de grande méfiance qui règne dans l’économie tunisienne a fait que de nombreux Tunisiens tentent de placer leur argent ailleurs et préfèrent détenir des devises en anticipant une forte baisse du dinar. Cela étant, le redressement économique exercera une pression vers la baisse de la valeur du dinar car la situation est intenable et l’euro sur le marché à terme, à 6 mois, s’échange à 3,47 dinars.
Partant de cet amer constat, deux voies sont possibles : une possibilité est de maintenir le niveau de réserves actuel tout en laissant le dinar se déprécier librement avec tous les risques que cela comporte. Le dinar se dépréciera ainsi, jusqu’au point où les importations commenceront à baisser car devenues inabordables pour nombre de Tunisiens. Cette parité se situerait entre 4,5 et 5 dinars pour un euro. Il faut alors espérer que la production locale réponde aux besoins des Tunisiens.
L’autre alternative est de dévaluer le dinar d’au moins 20%, ce qui amènerait la parité à 4 dinars pour un euro. L’avantage de la dévaluation est de freiner les importations et surtout, de mettre fin à la spéculation. Il y aura certes une hausse importante de l’inflation mais c’est aussi le passage obligé pour encourager la production locale à se substituer aux produits importés. Il faut souligner que la facture énergétique sera assez importante pour le budget de l’Etat mais elle nous obligera à promouvoir les énergies alternatives comme les énergies solaire et éolienne. L’exemple de l’Egypte est riche en enseignements. L’inflation a beaucoup augmenté suite à la dévaluation mais s’est actuellement stabilisée. Il y a eu une nette reprise de l’industrie locale du fait que les produits importés sont devenus trop chers. Pour le cas tunisien, il y a lieu de procéder à une dévaluation claire et franche du dinar avant que nous ne soyons obligés de la mener sous la pression d'épuisement total des réserves de change. Il est en effet souvent plus facile de mener des actions quand il reste un peu de marge car l'épuisement des réserves de change ajoutera des pressions supplémentaires aux actuelles qui sont déjà insupportables.


source: https://www.realites.com.tn/

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