TUNISIE-Forum Tunisien du Savoir et du Développement Humain | Dialogue National pour des plans d’action envers la jeunesse tunisienne et l’emploi des jeunes : Nouveau souffle, nouvelle dynamique

  • 13 décembre 2022 / Actualité / 316 / Zakaria Asri


TUNISIE-Forum Tunisien du Savoir et du Développement Humain | Dialogue National pour des plans d’action envers la jeunesse tunisienne et l’emploi des jeunes : Nouveau souffle, nouvelle dynamique
Des réflexions mûrement abouties par des universitaires s’accordent à préparer et anticiper l’avenir des jeunes par le développement de l’entrepreneuriat, clé de voûte d’un meilleur emploi des jeunes Tunisiens, qui doit être soutenu, notamment dans le cadre de la promotion des tout petits projets (TPP). Un nouveau souffle et une nouvelle dynamique en matière d’enseignement et de recherche scientifique sont attendus.

L’éducation, l’enseignement et la recherche scientifique sont les voies essentielles pour un renouveau de la Tunisie. C’est ce que pensent à l’unisson l’ensemble des intervenants, au cours d’une conférence de presse tenue  samedi 10 décembre au Forum du Lac. Cela, parce que la plus grande crise que traverse la Tunisie semble être idéologique. Un pays à la recherche de son glorieux passé, du temps où il y a 30 ans encore feu Bouteflika, ancien président de l’Algérie frère et voisine, parlait sur un ton élogieux de la Tunisie et son peuple fort et puissant, comme on tient à le faire comprendre dans la salle. Cette confrontation constructive entre les jeunes du pays et les têtes pensantes, parmi l’élite tunisienne composée en majorité d’universitaires, est une initiative louable et fructueuse à encourager davantage.

L’objectif principal de ce dialogue est l’emploi des jeunes, afin de rester au diapason des évolutions technologiques.

Rester au diapason

Dans cet ordre d’idées, M. Ahmed Friâa, président du Ftsdh et ancien ministre tunisien, appelle à un changement des mentalités. Il fait part des perspectives à apporter aux jeunes en matière d’intégration professionnelle : «C’est une rencontre-débat qui a réuni un ensemble de hauts cadres de l’Etat et qui ont de l’expérience. Il s’agit de connaître un peu les doléances de notre jeunesse et il s’avère, à travers les différentes discussions, qu’il y a un malaise, une inquiétude et un manque d’espoir qui fait peur. Suite à la discussion, on est arrivé à un ensemble de recommandations qu’on va transmettre aux autorités concernées, en espérant qu’il y aura des jours meilleurs pour notre jeunesse qui constitue le principal avantage comparatif dans le cadre de la concurrence de l’intelligence. Le monde connaît des transformations rapides et profondes, la richesse sera demain davantage une richesse en termes de ressources humaines et donc de jeunesse. La Tunisie n’a pas d’autres choix que d’exploiter l’intelligence collective de ses enfants pour qu’elle puisse se développer». Le soutien aux projets, le renforcement des secteurs pourvoyeurs d’emplois grâce aux grandes réformes à réaliser, notamment en matière d’éducation et de recherche. Il faut entreprendre le recyclage de la jeune force collective du travail tunisien.  

Au cours de son allocution, il a prôné un changement dans le secteur agricole, notamment avec de meilleurs investissements sur les terres et les champs d’exploitation agraires. Il a raconté comment des pays moins développés que la Tunisie durant les années 1960 ont dépassé de nombreux pays africains aujourd’hui, en faisant un parallèle entre le niveau de vie d’un Sud-coréen et d’un Soudanais en 1962, qui s’est complètement inversé à l’avantage du premier, au détriment du Soudanais, qui vit dans un pays en proie aux conflits et la partition, notamment avec le nouvel Etat du Sud-Soudan. Après plus d’un demi-siècle, les choses changent et évoluent. Il faut constamment rester à l’écoute des évolutions dans le monde 

Dr Malki, ancien universitaire de renom, assure de son côté que des millions de dinars du budget sont partis en fumée dans de mauvaises problématiques et qu’il faut rétablir le système éducatif. Il y a des opportunités stratégiques à saisir et qu’il ne faut pas manquer, sous peine de rater le train qui passe, peut-on retenir. De l’avis des intervenants, en majorité des universitaires, la menace d’une troisième guerre mondiale, celle d’une nouvelle révolution technologique à l’échelle internationale, porte de nouveaux risques pour la Tunisie au moment où le monde avance à une vitesse V. 

De son côté, Mohamed Naceur Ammar, universitaire, met l’accent sur les compétences humaines qui doivent se mettre en place. Un axe de réflexion important, selon lui, pour soutenir les jeunes de 20-30 ans. Ces universitaires reviennent pour rappeler l’importance de donner un avenir aux jeunes en Tunisie.

L’administration freine l’entrepreneuriat 

Un expert économiste enseignant critique : «Le bases et les fondamentaux n’existent pas dans les partenariats freinant la progression de l’entrepreneuriat des jeunes tunisiens. A ce titre, seulement 1% des Tunisiens en âge de travailler envisagent de monter un projet parce qu’il n’y a pas de conditions de réussite des projets avec une administration lourde».

Malgré cela, le Ftsdh a ses propres ambitions et de nombreuses attentes, à l’issue de ce grand débat jeunes-séniors.

Les principaux objectifs du Ftsdh

Ainsi, un court communiqué a détaillé l’ensemble des objectifs et attentes de cette conférence-débat : contribuer à l’exploitation des connaissances et à leurs applications scientifiques et technologiques au profit du développement humain durable, diffuser la culture du savoir scientifique et technologique auprès des jeunes en particulier, contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de projets de développement dans les territoires, aider à procurer un emploi à des jeunes chômeurs, avec une accréditation qui fournit des connaissances et des horizons dans chaque domaine, travailler pour améliorer l’emploi des jeunes, organiser des séminaires, des forums et des événements liés aux objectifs de l’association, établir des relations de coopération et de partenariat avec les associations et organisations tunisiennes, régionales et internationales ayant des objectifs similaires. En général, faire tout ce qui aide à utiliser les connaissances et leurs applications au profit du développement.

Des jeunes porteurs de messages 

De nouvelles solutions pour le système éducatif, mais bien plus encore émanent des interventions de la société civile. A l’instar de la forte représentation des membres de l’Association tunisienne pour la protection routière (Atpr), Eya Bidani prône à la fois des solutions pour l’enseignement supérieur mais aussi pour la santé. Hayfa, membre de l’Atpr, fait part de ses craintes à l’horizon 2030, car elle ne trouve pas les fonds pour sa formation professionnelle et le lancement d’un projet, de surcroît sans encadrement, sans suivi et sans accompagnement pédagogique et financier.

Du côté des hommes, Aymen Attia, jeune ingénieur, réfute l’idée qu’il n’y a d’avenir possible pour les Tunisiens qu’en Europe et la fuite continue des cerveaux, qu’il estime en voie de déclin… Il affirme : «Dans le secteur privé, il y a une forte demande d’ingénieurs, mais il n’y a pas de postulants, notamment dans le domaine informatique».

Un cri de détresse d’un jeune dénommé Hosni qui rappelle combien la jeunesse tunisienne est en perdition, en citant les sans-emploi issus des quartiers défavorisés qui s’estiment abandonnés à leur propre sort, ne disposant pas d’un État qui préserve leurs droits. Un appel à trouver des solutions urgentes pour barrer la route à la consommation des drogues et des psychotropes sonne comme la seule alternative à leur survie. 

Mais la réponse est laconique du modérateur de l’événement, et ils sont nombreux ceux qui craignent pour leur avenir à tous les niveaux. Malgré tout, on ne baisse pas les bras et le travail  continue. Il s’agit de créer de l’emploi pour les jeunes. Avec 4 millions de jeunes en Tunisie, ces derniers vivent une crise existentielle intense, de l’avis même d’un intervenant. Il transmet ses craintes : «L’Etat n’a plus les moyens suffisants pour accompagner la jeunesse en péril».

De toute évidence, il est nécessaire de régénérer un nouveau souffle au patriotisme des Tunisiens.

Tout un chantier qui commence enfin !


source: lapresse.tn

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