TUNISIE-36e édition des Journées de l’entreprise sous le thème « L’entreprise et la sécurité : libertés et souveraineté » | En route vers un nouveau modèle économique

  • 12 décembre 2022 / Actualité / 343 / Zakaria Asri


TUNISIE-36e édition des Journées de l’entreprise sous le thème « L’entreprise et la sécurité : libertés et souveraineté » | En route vers un nouveau modèle économique
« Quel présent et quel avenir préparons-nous pour notre santé, notre éducation et pour la protection de nos citoyens ? Un pays ne saurait assurer sa sécurité et sa souveraineté sans y prendre garde. Il a le devoir de retenir la vraie richesse qui vaille, son élite et ses compétences ».

Le coup d’envoi de la 36e édition des Journées de l’entreprise, tenue cette année sous le thème « L’entreprise et la sécurité : libertés et souveraineté », a été donné hier à Sousse avec la participation de plus de 900 personnes entre experts, investisseurs, économistes, politiciens, grandes entreprises, représentants de la société civile… Ont participé à l’ouverture des travaux de cette édition, la ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Nouira, le président de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace), Tayeb Bayahi, et le coordinateur des Journées de l’Entreprise et des représentants des médias, Zoubeir Chaieb.

Instaurer un nouveau modèle économique

A l’ouverture de cette édition, Tayeb Bayahi a indiqué que le choix de ce thème s’est naturellement imposé à la vue de la situation géopolitique, politique, économique et sociale. « Depuis le 14 janvier 2011, notre pays est toujours à la recherche d’équilibre et de stabilité et cette situation de crise que le monde vit actuellement est la plus grave que nous connaissons depuis plusieurs décennies. Elle remet en question les fondements même de l’ordre économique international dans lequel nous sommes installés, ainsi que plusieurs de nos plus solides convictions. Elle nous amène à réfléchir à un nouveau rôle et fonctionnement des institutions économiques et financières qui en sont issues. Cela exige de réfléchir à instaurer un nouveau modèle économique en mesure d’assurer notre stabilité économique et sociale ainsi que notre souveraineté et sécurité, qui est le facteur primordial de la pérennité de l’entreprise et de continuité de l’Etat », a-t-il souligné.
Cette situation inédite, a-t-il encore précisé, fait resurgir des notions et pratiques économiques telles que le productivisme, le contrôle des prix, la restriction de fonctionnement des marchés, et des appels au protectionnisme, ‘’qu’on croyait définitivement disparues’’.

Arrêter de rejeter la responsabilité sur l’Etat

Sur un autre plan, a-il-t indiqué, les crises actuelles menacent notre sécurité économique et notre souveraineté nationale. Cette épreuve difficile a mis en lumière nos vulnérabilités avec notre dépendance alimentaire et énergétique, aggravée par l’insuffisance, voire l’absence de politique agricole et de vraie vision en matière de politique énergétique.
« Les sujets de sécurité et de souveraineté sont vitaux par rapport à tout ce que nous avons déjà évoqué mais aussi parce qu’ils touchent toute la population dans son mode et niveau de vie au quotidien… Notre sécurité et souveraineté sont également menacées par l’absence de réaction face à l’émigration des meilleurs de nos médecins, nos ingénieurs, nos informaticiens, nos professeurs, nos entrepreneurs et plus généralement tous nos talents et que l’Etat a patiemment et chèrement formés… Quel présent et quel avenir préparons-nous pour notre santé, notre éducation et pour la protection de nos citoyens ? Un pays ne saurait assurer sa sécurité et sa souveraineté sans y prendre garde. Il a le devoir de retenir la vraie richesse qui vaille, son élite et ses compétences », a-t-il souligné.
« Il n’est aucunement question de rejeter la responsabilité de la situation que vit notre pays exclusivement sur l’Etat et de lui demander de trouver seul les solutions, même si celuici a un rôle prépondérant et que lui-même assure vouloir assumer. Nous assurons, en tant que chefs d’entreprise, vouloir également en prendre part dans une relation franche, honnête et apaisée dans l’intérêt exclusif de notre pays. Ceci est notre engagement, envers nos concitoyens, nos enfants et les générations à qui nous en sommes redevables », affirme Bayahi.

Une rupture économique et sociale

« Cette 36e édition s’est tenue dans un contexte national, régional et international compliqué et exceptionnel, marqué par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des restes de la crise sanitaire du Covid-19, qui n’est pas encore totalement éradiquée… Ces crises, accompagnées d’une crise alimentaire mondiale très préoccupante, d’un pouvoir d’achat en baisse, de l’endettement, d’un taux d’inflation très élevé… ont créé un climat délétère depuis plusieurs mois, une grande rupture au niveau économique et social et de réels enjeux sociaux, économiques, politiques et environnementaux. Ces différentes crises ont aussi influé négativement sur la croissance économique et le développement financier du pays et sur le fonctionnement des institutions économiques — notamment l’entreprise — et du milieu d’affaires, d’une manière générale », a attesté Najla Bouden, Cheffe du gouvernement, dans son discours prononcé par la ministre de l’Industrie.
Face à ce constat alarmant et inquiétant, il est plus que jamais temps de trouver des solutions radicales pour remédier à cette situation pour que nos entreprises ‘’rejouent’’ leur rôle et puissent bâtir un monde plus durable et créer un futur meilleur tout en garantissant la croissance, une économie durable et une situation sociale équitable.
équation s’impose : comment traduire les ambitions, l’efficacité et la capacité de compétitivité de l’entreprise, tout en garantissant le pouvoir d’achat du citoyen. C’est aussi comment garantir la liberté de l’entreprise et de l’entrepreneuriat tout en assurant la souveraineté économique ? Certes, l’entreprise ne peut pas se débarrasser de sa réalité économique et sociale, car c’est un partenaire de développement dans toutes ses dimensions (humaine, économique, sociale, environnementale et sanitaire)… C’est face à cette situation alarmante que le gouvernement a adopté une série de mesures urgentes visant à accélérer le rythme d’investissement, assurer la continuité du tissu économique, garantir le financement nécessaire pour les projets publics, mais aussi privés… Il s’agit d’une série de réformes structurelles ayant des retombées positives sur le moyen et le long termes pour sortir de cette crise et renouer avec la croissance », a-t-elle encore souligné.

7 points du programme de réformes

Le programme national de réformes adopté par le gouvernement comporte sept points et se caractérise par une démarche participative et de concertation pour sa mise en place et sa concrétisation. Il s’agit de :
1-renforcer les mécanismes de développement et de l’investissement tout en améliorant les concepts de marché et renforçant la concurrence loyale outre l’amélioration de l’infrastructure existante et la mise en place d’une infrastructure numérique et technologique efficace pour des services logistiques plus rentables afin d’aller à la conquête de nouveaux marchés, de nouveaux clients et de nouvelles opportunités. Le tout avec le renforcement de la valeur ajoutée économique, avec un savoir-faire considérable, la digitalisation de la production, de la commercialisation…

2- Soutenir l’investissement privé tout en renforçant les outils de financement nécessaire, surtout pour les PME et les start-up, l’inclusion financière et la disponibilité du paiement électronique avec notamment la solidité du secteur bancaire

3- Réforme totale de la fiscalité pour une justice fiscale plus équitable et une transparence dans les transactions, outre la digitalisation de l’administration fiscale pour éradiquer l’évasion fiscale et intégrer l’économie parallèle dans l’économie organisée

4- Réformer le secteur public à travers la digitalisation de l’administration et la gestion des ressources humaines

5- Améliorer le rendement des entreprises et des institu￾tions de l’Etat pour assurer le développement économique et social ; ceci nécessite la révision de la loi N°89-9 du 1er février 1989, relative aux participations, entreprises et établissements publics pour mettre en place un nouveau modèle de gouvernance des instituions publiques, basé sur la transparence

6- Révision du système de subvention des matières de base pour plus de rationalisation afin de garantir le pouvoir d’achat du citoyen et surtout celui des catégories vulnérables et faire face à toute forme de spéculation et de contrebande

7- Valoriser le capital humain tout en renforçant la qualité de l’éducation et de la formation (création d’un Haut conseil de l’éducation et de l’ensei￾gnement selon les exigences du nouveau monde), en assu￾rant des services de santé plus efficaces et plus fluides, en consolidant l’intégration sociale… Le tout, grâce à une nouvelle vision accompagnée d’outils et de programmes de
développement économique au profit des catégories vulnérables qui doivent prendre part dans la création de richesse et de développement.
Le discours de Najla Bouden a fini sur une note optimiste: « Ce programme de réforme sert à un équilibre financier avec un impact positif sur la création de richesse et la réduction du taux de chômage. Ce travail a porté ses fruits et la preuve, l’agence de notation Fitch Ratings a élevé notre note souveraine à CCC+ suite à l’approbation réussie du FMI et les deux sommets de la Ticad et de la Francophonie ont attesté que nous avions la confiance de nos partenaires… Le prêt du FMI sera accordé à la réforme tout en garantissant la souveraineté nationale ».


source: lapresse.tn

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