MAROC - Espagne : le GME coule du gaz à plein flot et en sens inverse



MAROC - Espagne : le GME coule du gaz à plein flot et en sens inverse

Depuis six mois que le Gazoduc Maghreb Europe (GME) coule son gaz en sens inverse, de Tarifa vers le Maroc, les exportations montent en flèche et Rabat commence à entrevoir les effets positifs de ce retournement de la situation si l’on peut s’exprimer ainsi.  

En effet, en juin de l’année passée, le gazoduc Maghreb-Europe (GME) a été rouvert dans la direction opposée après qu’il ne fut fermé par l’Algérie quelques mois plus tôt. A quelque chose malheur est bon se dit-on, car l’Espagne a depuis considérablement augmenté l’approvisionnement en gaz du Maroc grâce au GME. Les exportations de gaz de l’Espagne vers le Maroc via le gazoduc du Maghreb ont été multipliées par près de 3,5 par rapport à la moyenne des mois précédents. 

A sa réouverture, le débit transporté vers le Maroc a été quelque peu faible du moins les quatre premiers mois durant. Mais au cours des deux derniers mois, Enagás – certifié en tant que GRxT indépendant par l’Union européenne et gestionnaire technique gazier du système en Espagne – annonçait avoir enregistré une augmentation de 344 % de l’approvisionnement en gaz via le GME au départ de Tarifa vers Maroc en novembre par rapport à son lancement dans le sens inverse (juin (60 gigawattheures, GWh), juillet (172 GWh) et septembre (123 GWh), les expéditions d’octobre ont commencé à tripler (328 GWh), atteignant novembre et décembre jusqu’à cinq fois les quantités enregistrées dans les premiers mois d’ouverture : 553 GWh et 527 GWh respectivement).   

Bref, au cours des six mois où le gazoduc a fonctionné dans le sens opposé au sens initial, l’Espagne a envoyé un total de 1 882 GWhs de gaz au Maroc, et au cours des deux derniers mois seulement, près de 60 % de l’offre totale accumulée a été concentrée selon les données d’Enagás, l’opérateur du système gazier espagnol et qui gère le réseau principal de gazoducs et la Corporation des réserves stratégiques de produits pétroliers (CORES).  

Mais qu’on se le dise si à proprement parler, l’Espagne nous fournit en gaz, pour autant elle ne vend pas de gaz au Maroc. Son rôle se limitant pour un “bakchich dû” à ce service, à savoir, recevoir dans ses usines de regazéification les navires qui transportent le gaz que le Maroc acquiert de n’importe quel pays vendeur de gaz et l’envoie par le gazoduc à partir de Tarifa (Cadix) vers le Maroc.  

A ce propos, en réponse à l’Algérie qui se croit être le seul producteur de gaz au monde le gouvernement espagnol a nié catégoriquement que le gaz algérien puisse être détourné vers le Maroc et a lancé un programme spécial pour éviter une telle possibilité.  

« En toute transparence, le Maroc pourra transporter du GNL par bateau vers le marché international, le décharger dans une usine de regazéification de la péninsule, puis utiliser le gazoduc maghrébin pour atteindre son territoire”, avait indiqué le ministère de la Transition écologique, par la voix de la vice-présidente Teresa Ribera. Elle avait insisté sur le fait que le gaz acheté par le Maroc ne proviendrait pas d’Algérie. D’autant plus, que l’Algérie avait décidé de fermer unilatéralement en octobre 2021, les robinets de ses pipelines fournissant du gaz naturel à l’Espagne.  

Cette fermeture avait contraint l’Espagne à augmenter significativement ses achats de gaz offshore ce qui a finalement entraîné un changement historique dans la liste de ses fournisseurs, après avoir été dépendante de l’Algérie pendant plus d’un demi-siècle. Les États-Unis sont devenus entretemps le premier pays à vendre du gaz naturel à l’Espagne. La réouverture du gazoduc vers le Maroc compensant une perte par une autre.  

Après 25 ans d’exploitation, le GME a fermé sans perspective réaliste d’une réouverture à court ou moyen terme. L’Algérie, malgré le fait qu’elle ait garanti à l’exécutif espagnol les approvisionnements stipulés dans les contrats avec les compagnies énergétiques espagnoles, en particulier avec le plus gros acheteur Naturgy, n’en restera pas moins un client de moindre confiance avec lequel des relations commerciales peuvent aller de l’avant sans défiance. C’est ainsi, on ne peut pas avoir de sentiment de sécurité, d’assurance ou d’espérance ferme dès lors que l’on a affaire à quelqu’un ne méritant plus une loyauté. Pour cela, le régime d’Alger est tout désigné.


source: hespress.com

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